La discipline positive, c'est quoi ?

Flora jimenez
il y a 1 an | 10 min de lecture
La discipline positive, c'est quoi ?

Vous aurez peut-être déjà entendu parler d’éducation positive, avec tous les débats que ce sujet génère dernièrement. Sur notre site, vous voyez régulièrement des propositions d’ateliers en Discipline Positive… alors là, on ne s’y connaît pas forcément.
D’où la question: c’est quoi un atelier en Discipline Positive ? Est-ce que c’est encore une invention moderne pour rajouter encore un poids aux parents ?
Voyons pourquoi cela pourrait vous être utile !

 
Ma première fois avec la Discipline Positive
Je suis italienne mais je suis devenue maman en France. Or en Italie, la Discipline Positive n’est pas encore si répandue.
Les premières fois, les mots Discipline Positive n’étaient que fugaces apparitions sur des flyers à la crèche de ma fille, ou dans les vitrines de la Maison des Habitants du quartier.

Il faut savoir que je fais seulement semblant d’être une extravertie, et pendant ces premières années de ma vie de nouvelle maman, étrangère en France, avec un job qui ne me correspondait pas vraiment, et sans encore savoir vers où me tourner pour me construire une nouvelle identité professionnelle, j’avais bien trop d’excuses pour éviter de me renseigner plus.

Par ailleurs, j’avais peur. D’être mise dans une case, ou de devoir adhérer à des lignes de conduite en fonction desquelles j’aurais pu être évaluée et jugée.

Alors je me suis dit que je préférais être libre de suivre mon intuition et mes idées, sans suivre aucune philosophie en particulier.

Je ne me rendais compte, en même temps, de combien je me sentais tout aussi définie et jugée par le comportement de ma fille: elle pleure, elle a peur, elle “fait un caprice” ? C’est sûrement parce que je me suis trompée, je n’ai pas su lui apprendre, je n’ai pas été une bonne mère jusque là.

Les doutes, les questionnements, la solitude, les regards d’autrui… je me disais que ça devait faire partie du jeu, que “c’était normal”. J’avançais, et cherchais mes réponses ailleurs.

Et en suivant mes petits cailloux, je suis tout de même arrivée à la Discipline Positive par d’autres chemins.

La Discipline Positive
La Discipline Positive s’inscrit comme mouvement à l’intérieur d’un chapeau plus large qui est l’Éducation Positive, avec un cadre d’intervention qui lui est propre.

J’aime, en ce qui me concerne, parler de “philosophie éducative”, une façon de regarder la relation parent-enfant de manière horizontale, en prenant en compte à la fois les besoins du parent et ceux de l’enfant.

Les fondatrices de la Discipline Positive sont Jane Nelsen et Lynn Lott, toutes deux américaines. Elles ont créé ce mouvement il y a environ 40 ans.

Jane Nelsen, thérapeute et auteure, maman de 7 enfants, a développé ce mouvement aujourd’hui présent dans plus de 60 pays dans le monde, en s’appuyant sur les théories psychologiques de Adler et Dreikurs.

Que dit donc cette philosophie ?

Proposition éducative alternative à un style autoritaire ou permissif, en Discipline Positive on recherche la coopération de l’enfant à travers l’encouragement, la confiance, le respect
Plutôt que d’utiliser le rapport de force, on s’appuie sur l’envie naturelle de l’enfant de participer, se sentir partie active du groupe social auquel il appartient
On allie empathie et bienveillance avec fermeté et respect des règles
On cherche à transmettre l’autodiscipline, plutôt que le respect des règles par la peur de la punition ou du jugement de l’autre, ou de l’utilisation de la force
On essaie de remettre en perspective le comportement de l’enfant en cherchant les causes profondes, les besoins de l’enfant. Le comportement n’est pas le problème, mais le symptôme
Les erreurs sont d’incroyables opportunités pour apprendre et grandir : pour les enfants comme pour les parents. On ne recherche pas une perfection inatteignable, mais la conscience d’être sur un chemin qui dure une vie
Le parent a besoin de prendre soin de soi et de prendre en compte ses besoins
On met l’attention sur la recherche de solutions, plutôt que sur la remise en place d’un rapport de force entre adulte et enfant
Les 5 Principes fondamentaux de la Discipline Positive
La Discipline Positive, selon Jane Nelsen, s’appuie sur 5 critères fondamentaux :

Gentillesse et fermeté
Les règles sont nécessaires, selon les besoins de la situation, et pour les faire respecter on prend aussi en compte les capacités réelles de l’enfant, ses besoins, et la compréhension de ses émotions.
Aider les enfants à développer un sens d’appartenance et d’importance.
C’est un besoin de tout être humain qui est particulièrement important pour un enfant. Quand les enfants ressentent le fait de ne pas appartenir à un groupe, de ne pas être suffisamment importants, ils essayent de combler ce besoin avec parfois des comportements inappropriés.
Vision sur le long terme
Si une punition peut marcher sur le moment, qu’est-ce que cela apprend à l’enfant sur du long terme ? Nous changeons de regard pour poser des actes éducatifs cohérents avec nos intentions, des compétences et des valeurs que nous souhaitons transmettre.
Développer les compétences utiles pour la vie
Apprendre à gérer ses émotions, la valeur du respect de l’autre et de nous même, l’importance des règles, résoudre des conflits avec respect, négocier et trouver des solutions
Développer la confiance en sa propre capacité
Transmettre aux enfants la conviction qu’ils ont en eux toutes les capacités et compétences pour faire face aux challenges et participer d’une manière active dans leur communauté.
Pourquoi c’est si difficile de pratiquer la Discipline Positive ?
 
Ah, s’il suffisait d’avoir une formule magique pour que tout aille comme nous le souhaitons !
Mais comme c’est souvent le cas, pour passer de la théorie à la pratique il y a bien plus que 2 simples mots.

La difficulté principale ? Cette manière d’éduquer est souvent très différente du modèle éducatif traditionnel que nous avons reçu en tant qu’enfants.

Alors déjà, cela nous demande l’exercice parfois difficile, d’accepter que nos parents ont fait du mieux qu’ils pouvaient avec les ressources qu’ils avaient, et en même temps, tout en gardant notre amour pour eux, essayer de faire différemment avec nos propres enfants.

De plus, sur un plan très concret, cela s’avère vraiment complexe car nous avons construit nos réponses automatiques au stress sur la base des expériences vécues pendant notre vie et surtout pendant notre enfance. Or, là, nous essayons de remplacer ces réponses automatiques qui ne nous sont plus utiles, avec d’autres que nous choisissons comme plus pertinents.

Par exemple, quand nous voyons notre enfant qui traîne car il n’a pas envie de se brosser les dents pour se coucher, et que nous sommes fatigués et n’en pouvons plus, au lieu de crier par habitude “ Dépêches-toi !”, cela nous demande de nous baisser pour le regarder dans les yeux, essayer de comprendre son besoin et son point de vue, et lui demander “Tu as besoin de quoi pour que tes dents soient super brillantes ?”

D’un automatisme à l’autre, nous avons besoin de passer par un choix conscient, basé sur ce que nous souhaitons apprendre à nos enfants, nos besoins, les besoins de notre enfant, etc. Or, quand nous vivons nos journées à mille à l’heure, à la recherche de l’efficacité à tout prix, cela n’est pas une tâche des plus simples.

Nous ne savons pas toujours donner la priorité à notre repos, ni à nos besoins de parents non plus, et quand nous sommes déjà frustrés de notre côté, l’empathie pour le besoin de l’enfant et ses émotions n’est pas facile à ressentir.

Tout autre forme de stress peut nous poser un grand challenge : le regard des autres, qui peuvent ne pas suivre notre façon de faire et nous juger de mauvais parents, le besoin de surprotéger l’enfant et faire à sa place, la peur des émotions de l’enfant, quand nous voyons l’expression d’une souffrance ou d’une frustration comme la preuve de notre échec.

Pourquoi donc choisir la Discipline Positive ?
Toutes les nouvelles découvertes en neurosciences confirment la nécessité de repenser le modèle éducatif dans une optique non-violente.

Isabelle Filliozat, Catherine Gueguen, Daniel J. Siegel, et bien d’autres chercheurs, médecins, et thérapeutes divulguent une multitude d’informations qui permettent d’expliquer comment le cerveau évolue et comment interpréter les comportements des enfants en prenant en compte ce développement, au lieu d’utiliser nos “lunettes” d’adultes.

Tout ce que l’on est en train de découvrir nous montre que, pour aider les enfants à libérer leur plein potentiel, et à grandir dans les meilleures conditions possibles, nous avons besoin d’apprendre l’écoute empathique, à prendre soin de ce lien avec notre/nos enfant(s), avant de pouvoir corriger n’importe quel comportement.

Nous avons donc l’appui des bases scientifiques.
Et il y a deux points en particulier qui sont pour moi, le vrai plus de la Discipline Positive :

Il n’y a pas de “recette miracle”, et chacun s’entraîne pour trouver SA propre solution, en suivant l’unicité de la relation avec soi-même et son enfant, selon ses valeurs et objectifs éducatifs.
Chaque moment est une opportunité pour profiter de son enfant, pour grandir avec lui, en apprenant à s’accepter tels que nous sommes, et à accueillir toutes nos imperfections comme signe que nous progressons. En enlevant le stigmate de l’erreur et de la perfection à tout prix, il devient plus facile de lâcher-prise et profiter pleinement de notre aventure en parentalité avec ses challenges et ses défis.

Alors, pourquoi suivre des ateliers ou des formations ?
Nous avons tendance à imaginer que devenir parents, c’est quelque chose de naturel… et bien sûr, il y a une part d’intuition et d’instinct dans tout ça.

Par contre, n’oublions pas tous les changements de notre société pendant les dernières décennies.

Nous ne vivons plus en petites communautés ou “villages” où souvent les enfants grandissaient ensemble avec le soutien de plusieurs familles.
Nos rythmes de vie ont changé, les rôles familiaux aussi.
Nos connaissances sur le développement de l’enfant ont évolué.

Nous avons l’automatisme de faire faire faire, au lieu de respirer profondément. De répondre avec des ordres au lieu de nous arrêter pour comprendre.

Nous sommes habitués à voir un parent qui ne se fait pas respecter avec la force comme un mauvais parent. Habitués à interpréter les pleurs d’un enfant comme un caprice, et donc le signe que quelque chose dans l’éducation donnée a échoué.

Mettre en place une troisième voie éducative n’est pas automatique, mais ça s’apprend, un pas à la fois.
C’est pour cela que, dans les ateliers que nous vous proposons, nous mettons en scène les situations qui vous challengent et vous vous entraînez à chercher le besoin de l’enfant, à interpréter le vôtre, et à choisir comment intervenir en fonction.
C’est un véritable entraînement qui vous permet de prendre du recul et voir les choses autrement, dans la bienveillance, dans l’écoute et le partage, avec d’autres parents qui sont, tout comme nous, sur le chemin.

Nous apprenons progressivement, mettons en pratique, et profitons du voyage avec nos enfants.

Clio Franconi

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